Entre cartons et balais

Je gère moyen.
Même, je gère que dalle.

Nan, vraiment, en ce moment, je suis un peu à côté de mes shoes. Tu as pensé - bien fort - "tout le temps"? Tu n'as pas tout à fait tort, mais on va dire encore plus que d'habitude.
Des changements, bouleversements qui me dépassent: je surnage. Faut dire, j'ai jamais été une grande nageuse.



Un déménagement effectué depuis un mois - déjà - et je suis encore encore la tronche dans les cartons! Tu me diras, ça change de la cuvette d'il y a quelques années.

Une montagne de linge en retard dans laquelle je m'enlise. Et qu'est-ce que je fais pour le rattraper, ce retard? Je blogue, ouais, normal!

Un ensevelissement de papelards administratifs à trier, répondre, ranger. Ca fait même 2 mois que je dois régler la cantine du Noahsien, c'est dire! Enfin, au moins, j'ai pas à m'inquiéter que les hautes autorités ne débarquent au beau milieu de la bataille de p'tits pois du déjeuner, pour l'embarquer au poste; je te rappelle que le Noahsien a changé d'école. Un soucis en moins.

Et puis, dans quelques mois... bordel, je crois même que peux parler de semaines... Un cap. Une péninsule, dirait l'autre.
La Trentaine débarque. Cernes et rides étant déjà là depuis le Noahsien quelques années, j’attends avec impatience - au moins ça - les premiers cheveux blancs, douleurs articulaires et gastriques (bon-heur) et peut-être un brin de sagesse, parmi ses réjouissances "que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre".

La preuve: je cite Aznavour et Edmond Rostand dans le même paragraphe, j'me fais flipper moi-même ! Putain...je suis vieille. Bientôt. Déjà.

Pardon pour les quadras et plus mais je gère pas du tout mon éviction prochaine du clan des vingtenaires.
L'âge, c'est comme les emmerdes finalement: y'a toujours quelqu'un pour en avoir plus que toi et c'est pas pour ça que ça te console.

Tiens, l'autre jour  par exemple. Dans ma grande bonté post-emménagement, je permet au Noahsien de faire une partie de Ouiii.
Ouais, je suis sympa comme Mummy. Et au bord de l'épuisement surtout. Du coup, ses suppliques "siteuplait Mummy-chérie-d'amuuuur, je t'en prie" ont eu raison de ma volonté.
Pendant ce moment de répit, j'étendrai la lessive: culpabilité divisée par deux!

Depuis la-pièce-à-côté, je l'entends - d'une oreille :
     -tantôt exulter: "Wouéééé, je suis l'meilleur! Héhé, c'est qui l'plus fort?? C'est môôôaaaa !!"
Danse du footeux marquant un but (et gagnant des millions) en sus.
      -tantôt grogner: "Oh noooonnn, quatrièmeuuu..." avec la mine plus renfrognée que le Daron découvrant que le Guizmien (phénomène ronronnant à poils et à moustaches) s'est attaqué au papier peint, sitôt posé par le Daron sus-mentionné.

Oui, le Noahsien joue à Mario Kart.

Et il ne manque pas de m'interpeller afin que je puisse admirer ses plus grandes victoires.
Jamais pour ces raclées défaites (de peu!), comme c'est surprenant... Mâle en puissance ou mauvais perdant? Du pareil au même, aurais-je envie de dire, si je n'étais pas en minorité.
Peur de représailles, toussa...

-Mummy!! Viens!!... Vite!
Manquerait plus qu'il me dise "au pied". Naméo!
-Grudblnd.
J'ai les pinces à linge dans la bouche. Je les recrache avec l'élégance (et les postillons) qui me caractérise.
-Le Noahsien, ça peut attendre deux minutes, nan?
Juste le temps de pendre tes futes tachés et/ou troués, tu sais ceux qu'on a acheté le MOIS DERNIER!
Bref.

Réponse noahsienne:
-Nooon! Viens siteuplait!
Il marque une pause puis hurle:
-Viteeuuu, c'est CHAUD, là!!!

Réflexe de Mummy aux aguets: je relève la tête brusquemment, le regard inquiet. J'ai peut-être mal entendu.
-De quoi??
(Eh ben bravo la littéraire, bel effort dans la construction!)

-Viens, j'te dis! C'est vraiment TROP CHAUD, là!

Bam! Mon sang ne fait qu'un tour, comme on dit. Je lâche tout ce que j'ai en main et bondis - ouais, carrément - jusqu'au salon pour me rendre compte de la gravité de la situation.
Et tout ça en un quart de seconde! Usain peut aller se rhabiller: la Mummy flippée le rattrapera à tous les coups.

Mon raisonnement parfaitement objectif complètement stupide était le suivant:
La magnifaïïque console Ouii avait surchauffée - ben voyons - et, de ce fait, la manette qui, comme son nom l'indique, est directement au contact des mains noahsiennes l'aurait brûlé.
Je vois hurlement, Biafine, hurlement, bandage. Voire même Pompiers et unité de soin pour brûlures au 3ème degré et hurlements. A peine.

Tu as le droit de rire.
Surtout quand tu sauras - si tu n'es pas geek - qu'aucun fil ne relie la Ouii à la manette, magie du 2.0.
Bon. Je fais peut-être des suppositions un peu rapides mais je dirais qu' A PRIORI aucun danger ne guettait mon tout-petit.

Oui, dans ces moments d'angoisse - au moins ça - je l'appelle "mon tout-petit". Chicken Mummy, souviens-toi.

Donc, je bondis jusqu'au salon (tu t'y retrouves?) et je l'assaille d'un "quoi-comment-ça-c'est-chaud-montres-moi-tes-mains!"
(J'ai honte)

Sans détourner une seule seconde les yeux de sa course, il me rétorque:
-Mais non!!! C'est chaud, le jeu! J'arrives pas la course Champignon".

C'est le choc!
Ma stupidité, bien sûr, mais surtout de ne pas avoir reconnu l'expression "c'est chaud" au sens de "difficile".
Bordel, c'est de ma génération pourtant !!

Ai fait un bond dans le temps, me retrouvant à 15 ans, face à mes parents ne captant rien à mes expressions collégiennes du genre "kiffer" - "fait ièch" ou, ma préférée, "Ché".
(Allez, qui s'en souvient encore?)
Vache, j'ai pris 15 piges en 10 secondes!

L'âge n'est qu'un chiffre, hein?
Je sais pas qui a sortie cette connerie profonde, censée te rassurer sur ta jeunesse (perdue) mais ça me console pas!

Je vais avoir 30 balais.

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