Ce dimanche presque comme les autres...

Aujourd'hui, nous sommes le dimanche 5 octobre 2014 et ce matin, le temps semble maussade, le soleil a décidé de rester caché et la pluie s'est mise à tomber.

A notre réveil, le Noahsien s'est infiltré dans notre lit. On se réveille tous les trois en douceur, entre bisous et câlins puis ça tourne évidemment à la bataille d'oreillers. J'en profite pour m'éclipser pendant que les rires de mes Mâles retentissent dans toute la maison.
Certains diront que nous ne devrions pas le laisser s'insinuer dans le lit parental. Peu importe.

Je prépare les biscottes du petit-déjeuner - avec du Nutella qu'on me reprochera sans doute de tartiner à mon Mini - puis le café, le cacao, le thé que nous prendrons devant un épisode de Scooby-Doo.
Beaucoup crieront au scandale: la TV c'est le diable, encore plus de bon matin. Je n'y fais pas attention.

Le Locataire fait la Java tandis que le Noahsien se blottit contre moi. Devant nous, Vera trouve la solution au mystère du chien-robot-géant qui terrorisait le reste de la bande et sans rien dire, nous décidons de paresser ensemble, encore un peu plus longtemps.

C'est un dimanche matin comme je les aime, comme j'en ai toujours rêvé, comme je l'ai toujours imaginé avant que nous décidions - avec le Daron - de fonder une famille. Notre famille.

Parce que nous nous aimions, et nous aimons toujours.
Parce que nous avons toujours voulu élever un Mini. Puis deux, bientôt.
Parce que nous ne nous sommes jamais imaginés sans que des rires, des cris d'enfants égayent notre maison.

Cette envie, cette volonté, ce souhait, ce but presqu'ultime: personne ne me l'a jamais reproché. Absolument personne.
D'aucun ne m'a jamais dit que ce désir était anormal, immoral ou égoïste.
Jamais je n'ai vu une grimace de dégoût ou d'incompréhension sur le visage de ceux à qui je présentais mon compagnon - le Daron - et le fruit de notre amour.
Non, jamais.

Aujourd'hui, nous sommes le dimanche 5 octobre et des milliers de personnes, d'humains marchent, hurlent pour que d'autres personnes, d'humains comme eux, qui s'aiment, n'aient pas le droit de créer une famille. Leur famille.

Parce qu'ils ne correspondent pas à l'image qu'ils se font de la famille. Un papa, une maman. Aucune digression possible.
Parce que l'important c'est de suivre les schémas établis, parce qu'une simple lettre identique sur une carte d'identité supplante n'importe quel amour sincère.

Aujourd'hui, nous sommes le dimanche 5 octobre et j'ai juste envie de pleurer.



Parce que je connais et comprend ce désir d'enfant, et que je ne m'en remettrais certainement pas si on - la Loi, la Société, la Vie - m'interdisait d'en vouloir, d'en avoir. Juste parce que je n'aurais pas la (le) bon(ne) couleur / religion / genre à leurs yeux.
Parce que je n'ai pas envie que mon Mini (bientôt mes) vive dans cette société où les clichés sont plus importants que l'amour; plus importants que tout le reste.
Parce que derrière toutes ces "idées", toutes ces phrases assassines, toutes ces "valeurs" défendues avec tant de ferveur par ceux et celles qui croient détenir la vérité universelle, il y a des gens, de vraies personnes. Et des enfants qui sont là, à subir leurs regards et leurs critiques, à entendre leurs insultes et leurs jugements.
Ces enfants qui ne sont pas plus malheureux juste parce qu'ils ont deux Papas ou deux Mamans....

Mais ces enfants qui sont certainement plus heureux que tout ceux élevés dans la haine de l'autre, de celui qui est différent, de celui qui n'a pas la même sexualité, la même couleur, la même religion ou le même mode de vie.

Aujourd'hui, nous sommes les dimanche 5 octobre et je n'ai pas eu envie d'expliquer à mon Noahsien le pourquoi de cette "Manif Pour Tous".
Parce que je sais que je n'aurais pas trouvé les mots pour expliquer.
Parce que même si je les avais trouvé, je n'aurais pu le faire sans que les larmes me montent aux yeux.
Parce que je me sens tolérante envers tous et toutes, quels qu'ils soient, sauf envers les intolérants...


"La discorde est le plus grand mal du genre humain, et la tolérance en est le seul remède"
Voltaire


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